Je ne tiens plus à me rappeler. Je voudrais fermer les yeux, et tout oublier. Avoir une sorte de trou dans ma mémoire afin d'oublier tout ça. Tous ces morts, toute cette peine, toute cette douleur. Ce n'est pas nous. En vrai, nous sommes tous des gamins stupides, plaisantins et rieurs. Désormais, nous ne sommes plus qu'à l'état de meurtrier sanguinaire, prêt à tout pour vivre parmi les autres. "L'Homme est un loup pour l'Homme." Où ai-je entendu ça ? Sans aucun doute de la douce voix si connue et si rassurante de ma mère ou de mon père. A croire qu'ils savaient par quel destin funèbre nous allions être englouti. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue.

C'est pour dire, ces trois jours passés en ces lieux si étrangers et si dangereux ont balayé avec fracas tous mes souvenirs d'antan. Tout meurt un jour. Tout à une fin... Mais pourquoi cette fin là ? Pourquoi ne pouvions-nous pas vivre en harmonie ? Sans ces districts, sans ce Capitole, sans ces assassins ? Pourquoi ? Pourquoi ?!! POURQUOI ?!! Je voudrais oublier. Devenir amnésique. Mais je ne peux pas. Je voudrais mourir pour oublier. Mais je n'en ai pas le droit. Pas encore. Je sais que James ne voudra jamais me voir morte. Je le sais... Pourtant, je ne vois pas d'autres issues. Lui mort, que deviendrai-je ? Un jouet passé de mains en mains ? Convoité, invité, mis au devant de la scène au grand bonheur de quelques aristocrates avares de sang ? Merci bien ! Plutôt crever dans l'arène, du sable dans la gorge !! Et je ne mâche pas mes mots.

Même si... Revoir une dernière fois ma famille serait pour moi le plus beau des cadeaux. Même si leur tristesse m'afflige déjà. Je les sens confiants. Presque sûr de ma quasi victoire. Ils doivent penser que James ne voudra sans doute pas me tuer. Qu'il se sacrifiera même pour me sauver. Ils n'ont pas tord. Seulement, ils ne savent pas mes desseins. S'ils croient que je vais le laisser se tuer pour moi, ils se mettent le doigt dans l’œil ! Certes, je leur ferai de la peine mais... J'assume.

On se ressaisi tout les deux presque en même temps. Ma blessure nous permet de nous changer les idées. Merci Nathan... Non, ne pas penser à lui ! Surtout que James n'est pas le seul tueur dans l'histoire. J'en suis aussi ! N'est-ce pas moi qui est entamé ses forces en lui plantant la lance de toute mes forces dans son dos ? Alors même qu'il semblait évanoui ? La réponse est connue de tous. Je suis autant la meurtrière de Nath que James ! Je ne mérite donc pas de vivre. Mes mains sont entachées du sang du carrière.
James me noue un morceau de son pantalon après avoir posé sur ma coupure un pan de son duvet. Ça pique un peu, et le contact avec le tissu me tire quelques larmes et des grimaces.

"Et voilà ma puce, normalement tu devrais être tranquille pour un bout de temps." me dit-il en regardant son oeuvre puis en me souriant à pleines dents.

"Puce"... Ça me fait bizarre de l'entendre m’appeler ainsi. Mais ça me fait du bien. Ça me rassure, tout aussi étrange que cela puisse paraitre. Je lui souri à mon tour avant de le remercier. C'est un amour de James !
Ce dernier s'approche du sac de Nathan. Je constate avec quelques secondes de différence que sa gourde est vide. Enfin, pleine de deux trois gouttes donc bon. Vide.
Nous sommes dans la merde. Nous le savons aussi bien l'un que l'autre !
Mais ça, c'est sans compter sur l'idée ingénieuse de mon allié !

"Ah oui, c'est vrai !" m'esclamé-je, idiote de ne pas y avoir pensé. "Mais ça va être compliqué de les trouver non ? Enfin, je veux dire, tu as vu tout ce sable ? S'ils sont morts dans la tempête, leur sac seront enterré..."

Je ne veux pas être défaitiste, mais n'est-ce pas la stricte vérité ? Je regarde la corne d'abondance. Certes, elle n'est pas non plus immense, mais suffisamment pour que nous ne retrouvions jamais ces fichus sacs ! Il nous faudrait un sérieux coup de chance, et ce n'est pas ce que nous avons en notre possession. La chance...

Je me dirige également vers Nathan afin d'aider James à le dépouiller - malgré ma grande envie de ne pas m’approcher du mort et encore moins de le toucher ! -, avant de finalement m'arrêter. Mon cœur se broie dans ma poitrine avec violence et je vomi de la bile ; le peu de nourriture que j'avais encore dans mon petit estomac, rendu avec.
Des larmes amères coulent sur mes joues tandis que je tente de reprendre le contrôle. Bon sang, Nat ! Ce n'est vraiment pas le moment ! Non en effet... Ça n'est pas le moment. Et la chaleur qui se lève autour de nous ne fait qu'empirer mon malaise.

Je commençais déjà à chercher du regard un quelconque sac caché dans le sable. Mais après tout ce qu'il venait de se passer je n'avais pas vraiment la tête à ça, je voulais juste m'asseoir à terre, m'amuser à faire des pâtés de sable et attendre. Attendre que tout se termine. Je n'avais plus la force de faire quoique ce soit. J'ai presque envie d'attendre ma mort. Elle me permettrait de tout oublier. Je dormirais profondément pour toujours sans jamais plus penser, sans jamais penser que j'ai tué deux personnes. Je n'aurais plus ces meurtres sur la conscience. Mais la douleur que j'avais au niveau de la gorge me rappelait qu'il fallait trouver de l'eau au plus vite. En même temps je me dis que c'est bien trop bête d'abandonner maintenant, si près de la victoire. On est encore quatre tributs en jeu et je sais très bien que je devrais encore tuer pour survivre. Mais une chose est sure, c'est que même pour tout l'or du monde, même pour rentrer chez moi et serrer mes parents et mon frère dans mes bras, je ne tuerais jamais Nat. En vrai c'est juste impensable.


"Ah oui, c'est vrai ! Mais ça va être compliqué de les trouver non ? Enfin, je veux dire, tu as vu tout ce sable ? S'ils sont morts dans la tempête, leur sac seront enterré..."

Sur ce coup là, elle avait carrément raison. Je n'y avais pas pensé. Les sacs doivent être enterrés sous le sable. Surtout qu'on a aucune idée d'où ils sont mort. Ce que je veux dire c'est qu'ils peuvent être morts à dix mètres comme à un kilomètre, on en sait rien. Je lâchais un soupir de frustration. Je continuais alors à dépouiller le sac de Nathan et ce qu'il avait sur lui. Il lui restait juste un filet, une lampe de poche mais plus rien en nourriture ni à peine un fond de sa bouteille. Bon on a un avantage, on est en possession de presque toutes les armes. On a deux épées, un katana, une lance, des couteaux. Je pense qu'avec tout ça on devrait s'en sortir. Je ramènerais Nat chez elle. Je me retournais rapidement vers elle pour m'assurer que tout va bien, elle s'approchait de moi, sûrement pour m'aider à vider le sac du carrière. Elle n'avait pas l'air dans son assiette mais en même temps il faut la comprendre. Je me reconcentrais sur ma tâche.
Puis j'entendais un bruit, un bruit pas très rassurant. Je me retournais direct vers ma petite sœur qui venait de rendre le peu de gâteaux qu'elle avait pu manger avant l'attaque. Son visage était mouillé par les larmes. Je m’approchais rapidement d'elle. C'était peut être dû à la fatigue, à la chaleur, au manque d'eau ou même à sa blessure, j'en ai aucune idée mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter.

«  Assis toi. Repose toi un peu. Ça va aller.» Dis-je en la prenant rapidement dans mes bras pour la rassurer.

En fait, la chaleur de ce désert n'arrange rien du tout. Je me dirigeais vers mon sac et j'en sortis le reste de mon paquet de biscuits secs puis je pris la bouteille de Nathan. Il faut qu'elle mange et qu'elle puisse boire un peu si elle veut tenir le coup.

«  Tiens mange un peu, je sais que tu ne dois pas avoir faim mais force toi un peu. Il faut que tu reprennes des forces. Et bois ce qu'il reste de la bouteille, ça te fera du bien. Moi je n'en ai pas besoin. » Dis-je en lui souriant.

Pour une fois mon sourire ne venait pas du cœur. Je n'avais aucune envie de sourire. Je l'ai juste fait pour Nat. Je n'ai pas l'intention de baisser les bras, je trouverais ce foutu sac. Même si je dois passer ma journée à creuser, je le trouverais. Je me levais et je fus pris d'un vertige, m'obligeant à m'asseoir aux cotés de Nat pendant quelques minutes. J'étais pris d'un horrible mal de tête. J'enfilais mon foulard sur mon crâne pour me protéger du soleil, quitte à avoir plus chaud. Je devais sûrement avoir un début d'insolation. On nous a parlé de ça aux entraînements. Leurs conseils ne sont pas si inutiles que ça en fin de compte. Puis j'ordonnais à Nat de faire la même chose.

Je vomi tout ce que j'ai dans mon ventre. Je vomi ma haine comme je vomi ma peur. Ne pas se laisser aller, telle est ma devise à cet instant présent. Vomir me fait plus de mal que de bien, en apparence. A l'intérieur, j'évacue. Je vis... Des bras me prennent et me serrent. Une chaleur autre que celle de l'astre solaire m'enveloppe. James. Sans lui je ne serai pas ici. Je ne serai qu'une toute petite chose misérable sans doute déjà morte à l'heure actuelle. Alors oui, je lui dois tout. Il vivra quand moi je ne serai plus qu'un souvenir? Il rentrera chez lui et il se mariera et il aura des enfants tous heureux qui n'iront jamais dans l'arène parce qu'il n'y en aura pas ! J'aime à l'imaginer vieillir. Comment sera-t-il ?... Je le vois avec une barbe mal rasée, un sourire aux lèvres, et les yeux rieurs malgré les souffrances de son passé. Oui, je le vois heureux et épanouis. Et moi, je me vois morte.

Seulement, je sais que James ne voudra jamais me tuer. Il ne lèvera pas son épée contre moi... Non, je commence à le connaitre. Il ne fera rien qui puisse me blesser alors, me tuer ? Jamais. Là est le problème.
Tandis que j'envisage quelques possibilités de mettre fin à mes jours une fois tout les deux, James me propose de l'eau et de la nourriture. Il m'offre la fin de la bouteille... Je reste un instant interdite, mais j'ai si soif... Je prends la bouteille et la débouche avant de boire le précieux contenu avec avidité. J'en laisse un peu. Il est hors de question que James n'en ai pas ! Et le fait même qu'il semble avoir un étourdissement me le confirme. Lui aussi est dans le même état que moi... Il nous faut de l'eau ! Il nous en faut AB-SO-LU-MENT.

Et puis, son sourire n'en était pas un. C'est dingue ! En à peine trois jours, je le connais sur la plupart de tout les aspects. Ses moindres mimiques, le ton employé, son regard, tout me permet de savoir ce qu'il pense. Il ne sourit pas. On est dans le pétrin et il le reconnait avec autant de sagesse que je ne le reconnais ! Je mange un bout mais rien que l'odeur me donne la nausée. Je n'ai pas faim.

"Nan, ça ira merci." dis-je en esquissant l'ombre d'un sourire. Je lui suis réellement redevable, s'il le savait. "Tiens." ajouté-je en tendant le fond d'eau qu'il restait dans la bouteille. "Toi aussi tu dois boire !"

Mon ton n'est pas négociable. Il boit, point barre ! Lui il doit vivre. Mais il doit croire que je le veux également. Il ne doit se douter de rien, jusqu'à ce que... L'heure soit venue.
C'est peut être méprisable mais c'est ainsi. Je ne me fixe qu'un seul et unique objectif : rendre James à son district et à sa famille. Le reste n'a plus aucune importance. Je n'ai que treize ans, je ne suis qu'une gamine aux yeux du Capitole et aux yeux de mes parents mais, les Hunger Games m'auront fait grandir de plusieurs années en peu de temps. Je suis devenue mature, je sais ce que je veux. Et d'autant plus ce que je ne veux pas.

Je copie le geste de James et met mon keffieh sur la tête, me la protégeant ainsi des chauds et brulants rayons du soleil. Soleil artificiel je dirais... Puisque tout l'arène n'est qu'un plateau de jeu à échelle humaine. Oh oui, ils doivent bien s'amuser ceux qui tirent les ficelles ! Je me demande bien ce qu'ils sont en train de nous concocter... Le final approchant, je me doute qu'ils vont faire en sorte qu'on se rejoigne tous. Maintenant, la question est où ? Et de quelle façon ? S'il le faut, je protégerai James mais après il se retrouverai seul contre deux... Et ça, c'est ce qui me fait le plus peur. Nous ne savons pas quelles armes elles ont en leur possession, et encore moins quelles sont leur force !

"Je sais qu'on devrait chercher ces foutus sacs... Mais euh, je ne tiens pas à perdre mon temps à creuser pour rien. Attendons la nuit." je commence d'une petite voix en me levant doucement. "Viens, allons à l'ombre."

Je me dis que les marionnettistes voudront récupérer Nathan... Alors il nous faut nous éloigner, non ? Je récupère mon sac ainsi que les affaires de Nathan. J'espère qu'il se chargera du reste - les armes... Parce que personnellement, je ne tiens plus à m'approcher du tribut. Je ne tiens pas à vomir une seconde fois même si étrangement cela me fait du bien.

Une fois à l'ombre d'un des murs de la cornes, je m'assis. J'attends que James me rejoigne avant de m'éclaircir la voix :

"Dis-moi, tu veux bien..." J'hésite à continuer. Et s'il le prend mal ? Et si se souvenir est trop douloureux ? Mais je continue tout de même mais d'une toute petite voix... "...Me raconter comment c'était dans ton district ?"

Voilà, la bombe est lancée... Va t-elle exploser ?

C'est le grand final ! Les bords de l'arène s'enfoncent dans le néant. Si vous ne désirez pas sombrer dans un vide sans fin, vous avez tout intérêt à rejoindre la Corne qui, sur un rayon de 15 mètres, sera la seule partie de l'arène encore entière. Tout le reste disparaîtra. Un grondement sonore résonne au loin, prévenant les tributs qu'un évènement se produit.

Tout est encore possible. Rien n'est perdu. Offrez-nous du spectacle, et achevez cette première édition des Hunger Games ! Puisse le sort vous être favorable !

Nat se mit à manger un bout de son gâteau et à boire un peu d'eau. J'avais un peu peur d'être obligé de la forcer à faire tout ça, elle est tellement têtue qu'elle aurait pu refuser. Mais c'est son coté têtu qui la rend encore plus adorable et attachante. En rentrant dans cette arène, je n'aurais jamais pensé faire ce genre de rencontre et je pense que Nat est la seule chose positive des jeux car sans les jeux, je n'aurais jamais eu de petite sœur. Heureusement qu'elle est la en fait. En plus, on se soutient mutuellement, je pense que c'est en partie grâce à ça que je continue de me battre, que je ne baisse pas les bras et ne me laisse pas mourir en plein milieu de ce désert, car si je fais tout ça c'est pour elle.


"Nan, ça ira merci. Tiens. Toi aussi tu dois boire !"

Son autorité me fit rire. Je la regardais avec un doux sourire avant de prendre la bouteille et de finir les trois gouttes qui restaient dans le fond. En réalité, je suis assoiffée et je ne vous cache pas que le fait qu'elle m'ait obligé de boire le reste de la bouteille m'arrange un peu même si je sais que c'est loin d'être suffisant. De toute manière comme nous sommes plus que quatre, les jeux vont se terminer dans la journée, dans la nuit ou demain cela dépendra des juges, s'ils veulent faire durer le suspens ou pas. Personnellement, je prie pour tout se termine aujourd'hui. Je ne veux pas passer une journée de plus dans ce foutu désert ou on meurt de chaud.

"Je sais qu'on devrait chercher ces foutus sacs... Mais euh, je ne tiens pas à perdre mon temps à creuser pour rien. Attendons la nuit.Viens, allons à l'ombre."

Elle avait raison, je me levais tout doucement, de peur d'avoir à nouveau un vertige puis je suivais la petite Nat qui, au passage, prenait ses affaires et le sac de Nat avec hésitation. Je compris tout de suite qu'elle ne voulait pas rester à coté du corps plus longtemps. Je pris donc les armes et tout ce qui pouvait traîner autour du cadavre de Nathan et je rejoignis ma petite sœur à l'ombre. Mais je préférais rester debout, en cas d'attaque, vaut mieux être trop prudent que pas assez.

"Dis-moi, tu veux bien... Me raconter comment c'était dans ton district ?"


Je la regardais avec surprise, je ne m'attendais pas du tout à ça. Mais en réalité ça ne me dérangerait pas du tout de lui parler de tout cela. J'ai bau habiter dans le District le plus pauvre de Panem, au fond, j'adore y vivre et j'adore ma famille, mes parents ont toujours tout fait pour que mon frère et moi, on ait une vie heureuse malgré les conditions dans lesquelles on vit qui sont loin d’être favorable. C'est tout ce que je lui racontais, elle m'écoutait avec beaucoup d'attention et en retour, elle me racontait sa vie d'avant, son District. C'était vraiment agréable. Mais en racontant tout cela, je ne pus m'empêcher de marcher, de tourner en rond, de bouger quand d'un coup ma pied heurta quelque chose dans le sable. Je lançais un regard étonné à mon allié puis je déterrais l'objet ou plutôt le sac. Un sourire vainqueur s'afficha sur mon visage, on venait de trouver le sac que l'on cherchait.

«  Regarde moi ça, le sac était juste à coté de nous ! » Dis-je avec joie. « Oh pour les armes, garde la lance et ton couteau, moi je garde mon épée et mes deux couteaux, d'accord ? » enchaînais-je.

J'enterrais le reste des armes dans le sable pour que les deux autres tributs ne tombent pas dessus puis on l'ouvrit ensemble sans plus attendre. Le sac avait encore pleins de gâteaux mais surtout, il y avait de l'eau. J'avais limite des étoiles pleins les yeux. Mais notre moment de joie fut vite interrompu par une sorte de grondement qui résonnait dans toute l'arène et qui me glaçait le sang. Qu'est ce que les juges nous on préparait encore ?

Rp TERMINE