Je venais de terminer la cérémonie et je pouvais enfin aller m’enfermer dans ma chambre. Cette journée avait été très éprouvante pour moi.

Début du flashback

Je me réveillais après seulement 3 heures de sommeil. Je n’avais pas réussi à dormir de la nuit, j’avais un mauvais pressentiment concernant cette moisson. J’avais l’impression que ce serait la dernière fois que je verrais ma famille. La dernière fois que je verrais mon district.
Je pris un bain froid et me décrassai du mieux que je le pus avant d’aller mettre mes plus beaux habits pour aller à la grande place. J’évitais le regard de ma mère, je crois qu’elle aussi avait ce mauvais pressentiment concernant mon avenir. Mon frère James, lui aussi s’inquiétait pour moi. C’est normal il n’a que 10 ans et ne veux pas voir son grand frère mourir.

Il était 1h et nous partions vers la grande place rejoindre tous les autres… j’avais le cœur qui battait à tout rompre. C’était la première moisson où j’étais aussi nerveux. Peut-être à cause de toutes les fois où j’avais donné mon nom pour avoir du blé.

Je pris place dans mon rang et je regardais de loin ma mère et James. J’espérais de tout cœur que le pressentiment qui m’habitait ne se concrétiserait pas. Les portes de la mairie du district s’ouvrèrent pour laisser apparaître le maire et le responsable du 6, dont je m’efforçais d’oublier le nom. Il était beaucoup trop joyeux de nous envoyer à la mort.

Il prit la parole pour nous montrer la vidéo sur l’histoire des jeux et pour nous annoncer que cette année pour la première fois chaque district allait devoir fournir deux tributs, un garçon et une fille. À la suite de cette annonce un grognement s’éleva de la foule. Le maire et le responsable du district ne furent pas ébranlés par ce mécontentement et continuèrent comme si de rien n’était.

Le responsable du district se dirigea vers un bocal sur sa gauche et pigea un nom qu’il dit au micro

-La première tribut féminine du district 6 est Kelly Kross.

Je vis une belle fille blonde monter sur sur la scène pour rejoindre l’autre bouffon. Il la félicita et se dirigea vers l’autre bocal qui devait être celui des garçons. Il plongea la main dedans et retira un papier. Mon cœur battait tellement fort qu’il me donnait mal à la tête. Le mec du Capitole s’avança au micro et dit le nom inscrit sur le papier.

-Le tribut masculin du district 6 est Elliot Rainsworth.

Mon cœur se stoppa pour un moment, j’avais l’impression que le temps s’était arrêté. J’étais tétanisé, mes jambes refusèrent de bouger. Aussi bien que je dus me faire pousser jusqu'à l’estrade. Je faisais mon possible pour retenir mes larmes. Je ne reverrais jamais plus ma mère, ni James. Je ne pourrais plus aider à la boutique.

Ils nous obligèrent à nous serrer la main, Kelly et moi. Je pris sa main en tremblant. Je détestais me faire toucher par les autres.

J’étais enfermé dans une petite pièce depuis des bonnes 5 minutes lorsque la porte s’ouvrit pour laisser passer James et maman. Nous nous enlacions en pleurant. C’était la dernière fois que je les verrais j’en étais sûr et certain. Je me défis de leurs étreintes le temps de dire mes derniers mots aux personnes qui comptent le plus pour moi.

-Je vous aime. James ne prend jamais plus de blé tu m’entends ne les laissent pas mettre ton nom plus d’une fois par an dans le bol! Maman, sois forte stp! Sois le pour James ne le laisse pas seul il va avoir besoin de toi. Comme toi tu auras besoin de lui.

Sans que je puisse dire rien de plus, les pacificateurs les emportèrent dehors. On vint me chercher un peu plus tard pour nous amener Kelly et moi jusqu’à la gare pour prendre le train vers le capitole.

Fin du flashback

Je pris une douche rapide pour ensuite aller me coucher en boule dans mon lit et pleurer. Trop de gens m’avaient touché aujourd’hui. Durant toute ma métamorphose j’avais pleuré. Mon styliste fut mis au courant et me força de lui expliquer pourquoi un grand gaillard comme moi était aussi pleurnichard. Je lui avais donc raconté le viol dont j’avais été victime il y a de cela 5 ans… J’avais senti de la pitié et de la compassion dans son regard. Il m’avait promis qu’il allait tout faire pour me mettre le plus à l’aise possible. Mais rien n’avait marché, chaque fois que quelqu’un avait posé la main sur moi aujourd’hui je criais et me débâtais.

Je regardai l’horloge sur ma table de chevet et me dis que je devrais peut-être dormir. Je mis la couverte par-dessus moi et me laissai emporter dans les bras du marchand de sable.