Après la Cérémonie d’Ouverture des cinquièmes Hunger Games, c’était la fête. Mais elle ne dura pas bien bien longtemps puisque dès le lendemain, tout les tributs devaient obligatoirement se rendre à l’entrainement en groupe et participer aux différents ateliers qui nous sont présentés.

9h00. Nous devons descendre dans 30 minutes. Mes préparateurs me donnent la tenue réglementaire que chaque tribut portera. Une fois prêt, je descendai donc vers la salle d’entrainement. Quelques tributs étaient déjà arrivés mais c’est lorsque chacun d’entre nous était arrivés qu’on commença à nous expliquer les ateliers. C’était long, chiant et pénible. Ils ont tellement une voix monotone ici, au Capitole. Mais ils pensent aussi nous apprendre comment manier une arme, se camoufler ou grimper? Ça, c’est la meilleure de toutes! Ils pensent qu’eux, chouchous en chefs de Panem, peuvent nous enseigner comment .. SURVIVRE? Eux qui ont la vie plus que facile depuis toujours. Nous, sommes obligés de nous battre pour la nourriture. Dans le district 8, c’est pas le pire des districts, c’est pas comme dans le 11 ou le 12. Mais il faut quand même l’obtenir cette nourriture. Le nombre de sacrifices que j’ai dû faire pour l’obtenir, pour nourrir ma petite famille. Eux, n’ont pas fait ça une seule fois. Ils ont des tonnes et des tonnes de bouffe. Ils la volent aux districts. Ils ne s’auto-suffisent pas tellement ils sont imbéciles. Ils n’y pensent pas, ils veulent juste nous faire mal. Nous rappeler comment les Jours Obscurs ont été difficiles.

Une fois les explications terminées, le bruit des tributs me tira de mes pensées et je me dirigeai vers le stand du lancer de couteau. Ma tasse de thé était l’épée, mais celle-là, je la réserva pour mon entrainement en solitaire. L’important, c’est de ne pas montrer tout ses talents ici. Une fois arrivé, j’aperçu trois autres tributs qui discutaient ensemble. Je décida donc d’aller les voir, puisqu’il fallait bien se faire des alliances si on voulait survivre! Je remarqua que c’était les deux tributs du 5, Mathias et Eden si je me souviens bien. L’autre c’était une carrière, mais qui n’en dégagea pas l’impression. Johanne du 4 je pense. Ils parlaient .. d’alliance justement! En plein ce qui me fallait. Mais le gars du 5 ne parlait pas, c’est donc lui le fameux muet des Hunger Games. J’hésita un moment avant de les approcher, je ne voulais pas tout faire foirer leur alliance qui avait déjà l’air en place. Je ne voulais pas me faire d’ennemis avant l’édition! Mais les Hunger Games sont un jeu de risques, et dans la vie, il faut foncer.


- Je peux me joindre à vous?

Cette fois-ci j'ai pris mon médicament Mathias. Hors de question de refaire le coup de la dernière fois où je me suis acharnée sur un pauvre mannequin qui ne demandait strictement rien à personne. En même temps, un mannequin, ça parle pas ! T'es conne toi ! Oui, oh bon, ta gueule, toi ! Bref, je suis donc certes moins incontrôlable que d'autres jours. Je le sais parce que j'arrive à faire taire cette voix qui m'effraie tant ! Et puis bon, il faut l'avouer, j'évite du mieux que je peux de penser à ma future entrée dans l'arène. Les Hunger Games... Déclencheurs de deuils, de souffrances, de haines, de tristesses mais également de mes crises ! Comment n'ai-je pas fait le lien plus tôt que cela ? Sérieusement ! C'est logique ! Ça coule même de source tellement c'est limpide. Depuis la moisson, depuis ce jour où j'ai agressé le clown, depuis cet instant, la voix qui résonne dans ma tête a pris une telle ampleur qu'elle contrôle désormais mes faits et gestes... Mon dieu, je suis un putain de pantin entre ses mains !!!

Comment ça, ça fait plus schizo qu'autre chose ? Allô, j'en suis une ! Voilà à quoi je pense tandis que je vise et que je lance un couteau au centre de la cible. Dites-le vous clairement dans ce qui vous sert de caboche : je suis peut-être timbrée et dérangée du ciboulot mais je suis loin d'être une proie ! Mon repas, ce sera vous ! Eden ! Pas. Penser. A. Ça ! Autre chose, autre chose... Ah oui, ici on mange bien ! Des mets savoureux, délicats qui ont une telle saveur. Oh God ! Juste un régal et un délice pour mes papilles. Ce sera dur quand on sera dans l'arène... Mouais ces salauds, ils nous font goûter aux plaisirs de la haute gastronomie pour mieux nous la retirer ensuite ! Quelle bande d'enfoirés !!! Penser à autre chose...

Je reste perplexe quand une carrière vient à notre atelier. Elle prend un couteau et le lance sur une cible. Hum... Pas mal ! Mais que diable vient-elle traîner avec nous ? Est-elle folle ? Enfin bref, sa présence m'est égale. Je continue à m'échauffer en montrant que oui, je sais parfaitement lancer au couteau, quand un autre tribut vient nous rejoindre. Ils se sont passés le mot, sérieux ?!!
Ce n'est pas que j'aime à être seule et tranquille avec Mathias... Mais oui, en fait oui. J'aime avoir ma liberté de mouvement. Et là, je me sens étouffée avec ces deux totales inconnus qui viennent nous imposer leur présence.

La question du jeune homme - tribut du 8 il me semble - me désarçonne. Nan mais il est vraiment sérieux ? Se joindre à nous ? Je vais pour lui répondre une réponse bien Eden quand Mathias me tire sur le bras. Je retiens ma réplique bien cinglante et vrille mon regard vers mon ami. Je hausse les épaules à sa question muette avant d'obtempérer. Alala Mathias sera toujours le seul à faire ressortir tout le bon qu'il peut y avoir en moi.

"Ouep. Si tu veux."

Je lui tends un poignard avant de m'effacer pour qu'il aille au pas de tir. Je ne vois même pas la peine d'attendre l'avis de la carrière. Après tout, elle, elle s'est même pas demandée si sa présence nous dérangeait !

Je retourne à une cible en lançant un regard interrogateur à Mathias qui signifie en gros :

"Ils veulent quoi ? T'as une idée ?"

Suite à ma question, le visage de la fille du 5 montrait extrêmement de mécontentement et de frustration. Sauf que quand elle regarda le Muet, son expression changea complètement. Je ne sais pas si elle sait lire sur les lèvres mais on dirait qu’ils se comprennent. Ils devaient se connaître avant que la moisson ne leur impose de venir ici.. Pauvre eux.

Entre temps, la fille du 4 avait lancer un trident en plein milieu de la cible. Est-ce qu’elle voulait nous démontrer qu’elle pourrait nous éclater quand elle le souhaitait ou elle voulait nous montrer comment elle pouvais nous être utile? Je sais pas trop, mais personnellement, j’ai pas l’intention de montrer mes aptitudes. Je veux garder le secret, mais il va bien falloir le faire durant la séance solo.

D’ailleurs, je devrai faire bonne impression si je veux des sponsors, car c’est certainement pas à la cérémonie d’ouverture que j’ai fait bonne impression. Tomber de son chariot en plein trajet, je pense que c’est une première! Mais Eden me tira de mes pensées

- Ouep. Si tu veux.

Et c’est là qu’elle me tendit un couteau. Je pense qu’elle veut que je montre ce dont je suis capable. Je ne veux pas… Mais si on veut avoir une chance de faire une alliance, faut bien démontrer ce dont on est capable non? Je me résigna donc à lancer le couteau et comme je m’y attendais, il s’est planté pile entre les deux yeux du mannequin, et ce, assez rapidement. Les visages des autres tributs étaient planté sur moi. En plein ce que je ne voulais pas avoir. Maintenant tout le monde sait ce dont je suis capable. Tout le monde voudra me tuer, tout le monde me prendra pour cible.

Mais ce n’est pas parce que je suis d’un pauvre district au fond de Panem que je vais me laisser faire. Je me suis entraîné durant toutes ces années à nourrir ma famille. Je ne suis pas un pauvre tribut, comme tout le monde le pense. Je suis fort. Je suis endurant. Je suis courageux. Je suis déterminé. Ce sont toutes des qualités qu’on doit avoir quand on sait qu’on va dans l’arène. Il ne faut pas se laisser abattre. Je sais, j’ai souvent tendance à m’enfuir dans mes pensées, lorsque je suis inconfortable. Le temps que je suis partis, les gens se sont retournés et ont continués leur activités. Mais Eden, Mathias et Johanne continuèrent à me regarder …

Je vis Mathias se tourner vers Eden. Ses lèvres bougeaient très rapidement mais je me disais que seule elle pouvait comprendre, à ce rythme. Si je voulais les obtenir comme alliés, je me devais d’apprendre, et vite. Mathias se tourna et se dirigeait vers moi. Mais entre temps, il a tombé à terre. Quelques tributs l’ont regardé, dont moi et j’ai faillit lâcher un petit ricanement mais je me suis retenu. Ce n’était vraiment pas le moment. Il s’assit sur un banc soudainement et s’est tenu le pied. Je déduis donc qu’il avait mal. Une crampe peut-être? J’ai vu ses lèvres bouger quelque peut lentement, mais j’ai pu en déduire qu’il voulait de l’aide, je m’approchais donc en décochant mon plus beau sourire en lui faisant signe de rester assis.

- Crampe ?

Il me fit un signe qui voulait dire oui. Enfin, je pense. Étant petit, ma mère m’avait apprit à faire des massages. Elle disait que ça relaxait les muscles à l’endroit ou tu massais. Je me suis donc dit que ça calmerait probablement sa crampe. Je commençai donc mon massage, en voyant son visage d’assoupir, j’en déduisis donc que ça l’avait calmé. Je l’ai aidé à se relever et lui aussi, me fit un énorme sourire. Je pense que pour l’alliance, lui, il est dans la poche. Maintenant il faudra convaincre l’autre folle. Je pense pas qu’elle m’aime… Si seulement Mathias pouvait la convaincre, j’espère que ça marchera!

Au loin, je voyais Johanne et Eden qui se parlait. Elles semblaient calmes les deux, c’était de bonne augure, je pense. Mais bon, faut revenir à nos moutons. Je me devais de persuader Mathias que je n’étais pas quelqu’un de dangereux pour eux, mais pour les autres, je pouvais l’être très facilement.

- Je sais pas toi, mais moi, je pense vraiment qu’Eden me déteste la gueule. Tu trouves pas?

Il fallait que je me dise que dans quelques jours, des personnes seront à mes trousses pour m’éclater le crâne. Je me devais de m’entourer de bonnes personnes si je voulais survivre le plus longtemps possible. Pour Kyle, mon petit frère, je me devais de survivre. Je jeta un regard interrogateur vers Mathias qui leva la tête au même moment.

L'heure semble être aux alliances. Ai-je l'intention de me faire des "amis" pour ensuite qu'ils me tuent - ou inversement, que je l'ai tue ? La règle est simple : survivre ou crever. Et très personnellement, je suis plus de l'avis de survivre. Crever, c'est pour plus tard. Amener le plus loin Mathias puis j'aviserai. Enfin, ça c'est dans l'éventualité que je ne fasse pas de crise. Ne pensons pas à de drame...
Occupée dans mon lancer de couteau, je ne vois pas mon muet s'approcher de moi. Il me tire à l'écart ce qui amène les deux autres à nous lancer des regards furtifs. Je hoche la tête une fois son idée - voire ordre - dit et m'en vais vers Johanne.

"Salut, moi c'est Ed..." La fin de ma phrase reste en suspens. Jo' ne daigne me regarder et mes yeux se posent sur mon ami qui trébuche. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Je vais pour "voler" à son secours quand le tribut dernier arrivé lui porte une main secourable. Intéressant... Je contemple la scène un instant avant de porter à nouveau mon regard sur la fille. Grande, des yeux bleus aussi limpide que ne l'est le courant d'un ruisseau, presque j'en arriverai à lire dans son âme. Âme qui me semble pure et omise de mauvaises intentions...

"Eden." lui dis-je, en tendant ma main.

Certes, je dois leur paraître peu amicale, mais je préfère la méfiance à l'idiotie.

"Et oui, tu peux te joindre à nous." je rajoute avec un petit sourire.

Bien Eden ! De mieux en mieux. On peut presque dire que tu es sociable pour le coup... Il y a du progrès ! Gênée, je me tourne vers le premier atelier qui passe sous mon regard et d'une voix calme je lui demande :

"Ça te dit ?"