Hum ? C’est pour quoi ? Ah, oui, faut que je me présente, c’est ça ? Je n’aime pas trop parler de moi, en fait. Suis-je vraiment obligé ? Bon, okay. Je m’appelle Milo, j’ai 14 ans et je vais, dans quelques jours, affronter 23 autres tributs. C’est bon, vous me laissez regarder le paysage maintenant ? On va bientôt arriver au Capitole, j’aimerais bien replonger dans mes souvenirs une dernière fois. Vous n’allez pas me lâcher hein ? Okay okay, j’abdique…
Je suis né dans le district, où j’ai grandi dans l’ombre de mon frère. Me regardez pas avec cet air condescendant, j’ai horreur de ça. Jason (oui c’est son prénom) a deux ans de plus que moi et c’était le fils préféré de mon père. C’était Jason par ici, Jason par là. Bref, il était tout ce que moi je n’étais pas. Charmeur, drôle, beau garçon etc. Quant à moi, j’étais trop… comment il disait ça déjà ? Ah oui, faible. Aucun muscle, aucun charisme, aussi drôle qu’un croquemort. Vous voyez le truc, quoi. Mais, bizarrement, je ne leur en voulais pas. Je savais ce que je valais et c’était le plus important à mes yeux. Je préférais m’isoler et aller à la pêche, l’air serein, plutôt que de recevoir des rabaissements à longueur de journée. Ça me détendait.
Puis, les Hunger Games ont vu le jour. Là, mon père s’est complètement transformé. Il voulait absolument nous entraîner, notamment pour qu’on soit prêts une fois que l’on rejoindrait l’arène. Normalement, les entraînements sont interdits, mais beaucoup de gens de mon district outrepassaient cette règle, donc nous avons fait comme tout le monde. Si vous voulez nous punir, ce sera tout le district qu’il faudra punir, ah ah. Bref. Cependant, il s’est avéré que j’étais complètement nul au combat. Mes flèches n’atteignaient jamais leurs cibles (d’ailleurs, une fois, j’ai failli transpercer le chat de ma voisine, ce qui explique sans doute pourquoi elle ne m’a plus adressé la parole depuis) et les épées étaient bien trop lourdes pour moi. Si mon père avait pu m’étrangler et m’enterrer au fond du jardin, croyez-bien qu’il l’aurait fait sans la moindre hésitation. J’étais un peu désemparé. Puis, j’ai découvert une autre arme, une arme beaucoup plus efficace que les lames : le fouet. Si fragile, et pourtant si dévastateur. Lorsque j’en ai parlé à mon père, celui-ci s’est mis à rire et il m’a promis d’user de ce fouet contre moi s’il me voyait m’exercer avec.
Ah bah ouais, mon père n’est pas un saint. Epargnez-moi votre pitié, j’étais beaucoup plus malin que lui, de toute façon. Et j’étais beaucoup plus intelligent que mon frère. Même si Jason semblait devenir un véritable carrière, il n’avait pas vraiment la lumière à tous les étages et je pouvais le manipuler comme je le désirais. J’ai toujours eu ça, caché au fond de moi. Cette envie de jouer avec les gens sans qu’ils ne s’en rendent compte. Bref, du coup, j’ai fait profil bas. C’est aussi une de mes qualités. Se faire discret et hop, attaquer lorsque personne ne s’y attend. Mais ça, faut pas le dire aux autres tributs. Donc j’ai continué à m’entraîner avec le fouet, devenant un expert dans ce domaine. Ce n’est pas pour autant que j’ai oublié les armes et je me suis donc entraîné avec une dague, que je parvenais à manier à peu près comme il faut. Mon père n’y a vu que du feu.
En gros, je ne pars pas dans l’arène tel un touriste, vous voyez ? J’ai un peu de maîtrise derrière moi, j’espère juste que je pourrai m’en servir à bon escient. Vu les lacs qu’il y a dans mon district, j’ai appris à nagé, ce qui m’a donné une certaine endurance. Okay, je suis nul avec les épées, les arcs et tout ce bazar là, mais ne me sous-estimez pas. Vous voyez mon gabarit ? Pas très musclé hein ? Ah ah ! Si j’arrive à avoir un 7 à mon entraînement, je pense que je serais content. Il est inutile d’espérer plus. Bon, j’arrête là. Vous en savez déjà pas mal sur moi et sur ma vie. Maintenant, laissez-moi profiter du paysage. Laissez-moi profiter du peu de vie qu’il me reste.
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