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Je courais, ou plutôt tentais de courir à cause de l'insupportable chaleur, en direction d'un point invisible. Je souhaitais simplement m'éloigner le plus possible des carrières pour le moment. Je tombais finalement de fatigue à une distance raisonnable de la corne (que je ne pouvais plus voir, d'ailleurs). Assise dans le sable, le vent sifflait comme jamais. Mes cheveux virevoltaient, mes yeux distinguaient mal à plus de deux mètres et mon corps était complètement terrassé par la chaleur. Après une seconde de réflexion, le temps de reprendre correctement mon souffle, je décidais enfin d'inspecter le contenu de mon sac : une bouteille d'eau pleine, une boite de gâteaux secs, une casquette complètement ridicule, un curdent (dixit un petit couteau...) ainsi qu'une sorte de toile bizarre... Le côté positif, au moins, c'était que j'avais de quoi tenir le temps de trouver de nouvelles rations. Yay !

Je commençais sérieusement à me demander si je ne devrais pas faire retour arrière vers la corne pour ramasser les restes des carrières. Peut-être qu'ils avaient oublié quelques trucs utiles. Mais je prenais malheureusement le risque de tomber sur l'un d'eux, et étant donné les rapports que j'entretenais avec Nathan, ma vie risquait d'être réduite à néant en moins de deux. Ne parlons même pas de San, qui me fichait la trouille rien que lors des entraînements. Et j'aurais presque été tentée de dire que Loki me paraissait normal s'il n'était pas un carrière. Ce dernier cachait probablement son jeu depuis notre arrivée ici. Et même si nous étions presque devenus amis (je dis 'presque' parce que je n'ai pas d'amis, soyons clairs), ça n'excluait pas le fait que nous nous retrouvions maintenant ennemis.

Je prenais une gorgée d'eau pour me remettre les idées en place. Deux coups de canon avaient retenti. Deux morts. Décidée à ne pas y laisser la peau, je détachais mon foulard pour l'installer sur ma tête, telle une capuche. Peut-être que j'aurais mis la casquette si elle n'avait pas un aspect si laid. De toutes les façons, elle était si peu discrète que la revêtir reviendrait à dresser un panneau géant avec les inscriptions "je suis ici, venez me tuer !". Quelle idée de mettre un truc à pois ROUGES dans un sac destiné à la survie. Les gens du Capitole avait décidément un humour à chier. J'étais certaine qu'ils se poilaient devant leurs écrans avec l'air effaré que j'avais adopté lors de la découverte de cette foutue casquette. Intérieurement, je les emmerdais tous autant qu'ils étaient.

Bon, c'était décidé, j'allais faire machine arrière en direction de la corne. Mais pas dans l'immédiat. Les carrières devaient encore s'y trouver. Je comptais me cacher dans les environs et y retourner le lendemain. Si je survivais à la nuit. Et à l'après-midi. J'observais les alentours en quête de ce qui ferait une bonne cachette. Néanmoins parmi les dunes de sable qui s'étendaient jusqu'à perte de vue, je voyais mal où me dissimuler. Je soupirais, puis décidais de me lever pour reprendre la route. Peut-être qu'en me mettant au sommet d'une de ces énormes dunes, j'allais avoir une meilleure vision d'ensemble. C'était cependant une action à double-tranchant, étant donné que ceux qui se trouvaient dans le secteur pourraient également avoir une vision panoramique de ma personne. J'en avais vu partir dans tous les sens lorsque nous étions à la corne, il était probable que l'un d'entre eux se soit aventuré dans le même coin. Bref. Marche ou crève, Charlie. Mais fais quelque chose.

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