J’attends. Allongé sur mon lit provisoire, les yeux levés vers un plafond d’étoiles, je me demande à quelle sauce je serais dévoré. Je n’ai pas vraiment revu Elina depuis notre arrivée au Capitole. D’ailleurs, je pense que c’est mieux comme ça. Elle ne doit pas être très ravie de devoir affronter l’arène à mes côtés. Pourtant, je ne pouvais pas reculer. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, alors que je m’étais juré de payer ma dette. En me portant volontaire, je savais que je ne reviendrai pas au district Cinq. Mon objectif est clair, net et précis. Elina doit gagner. Elle doit rentrer. Il ne peut en être autrement. Et, même si elle a du mal à l’accepter, elle devra faire avec. Je souris face à cette pensée, convaincu d’avoir bien joué mon rôle jusqu’à présent. Pourvu que ça dure ! Cependant, avant de revoir ma stratégie pour l’arène, il convient de passer les premiers jours ici, dans ces appartements luxueux qui font de moi un prince. Jamais je n’avais vu autant d’or et d’argent dans un seul lieu. Je ne suis même pas sûr d’en avoir croisé au district Cinq, c’est dire. Tout est si beau, si brillant. C’est comme dans mes rêves les plus fous. Enfin, dans ces rêves-là, l’issue n’est pas la mort. Oui, ça change un peu. Je pousse un soupir de satisfaction en m’étalant sur mon lit. Qu’il est doux ! Au moins, je profite pendant que je le peux. Si tout est à notre disposition, il est hors de question que je laisse tout ça de côté. D’un bond, je saute sur la moquette et me dirige vers le salon. La table, toujours garnie de mets succulents, ne demande qu’à être abordée. Oh, des muffins aux noisettes ! Mes préférés ! Ma mère m’en faisait tous les dimanches. Sans hésiter, et sous les regards fermés des muets qui nous entourent, j’en saisis un, puis deux. Je vais pour m’en aller lorsque, pris d’un regret, je décide d’en prendre un troisième que je planque dans ma poche. On ne sait jamais. Enfin, je cours de nouveau dans ma chambre et vais déguster mes petits trésors.

On nous a bien précisé d’attendre sagement de nouvelles instructions. Oui, c’est bien beau mais ça fait 3 heures qu'on poireaute. Pour passer le temps, je décide de me replonger dans les évènements de ces dernières vingt-quatre heures. Si proches, mais pourtant si loin. Ce matin, nous avons eu droit à une refonte totale de notre corps. J’ai cru que mes préparateurs allaient m’arracher la peau. Pourtant, on ne peut pas dire que je sois très poilu. Mais eux désiraient une peau de bébé. J’ai donc serré les dents, versé quelques larmes, puis souffert en silence. Je n’allais tout de même pas montré à tous que j’étais faible. Déjà qu’ils m’ont regardé comme si j’étais une poupée de porcelaine… Une fois passé au peigne fin (en priant tous les Dieux pour que cette souffrance s’amenuise), on m’a fait rencontrer mon styliste. Un homme entre deux âges, les cheveux roses, le teint orangé. Bref, une autre espèce de monstre. Nul doute qu’en arborant cette tenue, on m’aurait ri au nez dans le district cinq. Il m’a fait un rapide topo sur l’importance que notre Cérémonie d’ Ouverture aura sur la suite de l’aventure. J’ai écouté à demi-mots, je crois. Ma suite d’aventure est toute tracée, de toute façon. Qu’il économise sa salive. Tss. Je reviens à ma réalité. Laissons le passé de côté. Il ne me reste qu’à me tourner vers l’avenir. Avenir qui, soit dit en passant, approche peu à peu de sa fin.

L’heure est arrivée. Il est temps de partir pour le Grand Cirque, où nous serons officiellement présentés aux gens du Capitole. Enfin ! Il n’y avait même plus de muffins. Je pense qu’ils ont remarqué que j’avais mangé toutes leurs réserves. Je suis certain qu’ils se sont demandés comment un être aussi minuscule pouvait engloutir autant de choses. Notre styliste, dont j’ai oublié le nom, nous emmène en nous parlant avec enthousiasme des tenues qu’il a confectionné à notre attention. Je lance un sourire crispé à Elina. Ça promet. Le voyage se fait plus rapidement que prévu. Arrivé sur place, je constate que les techniciens sont en ébullition. Ils vérifient que les chars sont fonctionnels et que les Tributs sont tous arrivés. Vu que notre exposition n’a lieu que dans vingt minutes, j’en profite pour les dévisager, d’un œil discret, bien sûr. Il y a de grands gaillards, ça c’est clair. C’est limite si l’un deux ne fait pas le double de ma taille et le triple de mon poids. Dans l’hypothèse où j’avais encore de l’espoir, là, on peut dire que, désormais, il est réduit à néant. Que puis-je faire face à ces bœufs ? C’est à peine si je sers d’apéro à leur appétit de massacre. Je réalise, pour la première fois peut-être, dans quel genre d’aventure je me suis lancé. Ils vont me découper en morceaux. Je vais souffrir. Oh ça oui, je vais souffrir. Je déglutis avec peine et me dirige vers Elina. Je lui saisis la main, que je sers très très fort. Un crac me fait desserrer mon emprise. J’aurais l’air fin si je lui brisé les phalanges. Je ne veux pas qu’elle soit en colère contre moi. J’ai besoin d’elle. Le stress me gagne. Tous ces gens vont me voir… Beaucoup vont se moquer de moi, d’ailleurs. J’aurais de la chance si je parviens à ne pas m’évanouir ! J’étais beaucoup moins anxieux lors de la Moisson ! Là, c’est différent. Je vois le visage de ceux qui vont mourir. Je vois aussi ceux qui risquent de me tuer. C’est spécial. Effrayant, même.

Ah, on m’enfile ma tenue. Seigneur Dieu, j’ai l’impression d’être une pile électrique. Tous ces fusibles qui brillent sur moi me donnent rapidement mal à la tête. Je suis ridicule. Mais bon, Elina est encore pire que moi, ce qui me fait relativiser. Je pouffe de rire en observant sa robe parsemée de fils électriques. Ah ah ah ! Quant aux autres Tributs, n’en parlons pas. Il doit en avoir un ou deux qui se détachent du lot. Mais, sinon, c’est plutôt grotesque. C’est comme si nous fêtions carnaval avant l’heure. Vite, ça va commencer ! On nous pousse sans ménagement vers nos chars. Tiens, c’est un vrai cheval ? J’ignorais qu’ils étaient aussi grands. Beurk, quelles grandes dents qu’ils ont. Et quelle haleine. Elina monte la première. Elle me réceptionne à mon tour. Une fois en place, je me crampe comme je peux, histoire de ne pas basculer lorsque ce sera notre tour. J’ai peur. Et j’ai envie d’aller faire pipi, en plus. Soudain, alors que j’espérais pouvoir aller vite fait aux toilettes, l’hymne retentit. Bon, tant pis. J’attendrai. Les portes s’ouvrent, les acclamations retentissent. C’est parti. Le district 1 ouvre le bal.

[Vous pouvez poster vos rp’s pour la Cérémonie d’Ouverture, dans l’ordre que vous voulez. En revanche, n’oubliez pas que le District Un passe avant le deux dans l’histoire des Hunger Games, etc.]

Mary était enfin au capitole. Elle n'avait pas vraiment peur de l'arène et avait d'ailleurs bien hâte d'y entrer et de se faire remarquer en gagnant les jeux de la troisième édition. Le problème voyez-vous, c'est qu'il y'avait des tributs bien plus vieux qu'elle, qui pourraient lui faire sa peau très rapidement. Mais Mary était confiante. Si elle se liait "d'amitié" avec les autres carrières, ils pourraient tous gagner au moins jusqu'à se retrouver entre eux et s'entre tuer. Là peut être que Mary aurait sa chance...

Cette journée là, la petite blonde attendait donc que la cérémonie d'ouverture commence. Elle avait bien mangé et de ce fait, elle attendait donc sur son lit, se demandant bien ce que pouvait faire son homologue masculin.

Finalement, comme elle commençait à s'ennuyer, elle se remémora la refonte totale à laquelle elle avait eu le droit ce matin là. Son styliste avait hurlé en voyant dans quel état elle se trouvait. Elle qui détestait qu'on touche à ses cheveux, elle avait dû attendre que son styliste ne les lui boucle, avant de s'observer hébétée dans la glace. Elle ressemblait à une petite poupée de porcelaine, alors qu'elle était principalement un garçon manqué et une vrai garce...

Maintenant, elle luttait donc pour ne pas se relisser ses cheveux...

La fin de l'attente sonna alors lorsqu'on vint la chercher pour l'emmener dans le grand cirque. Là bas, elle mit enfin sa tenue, à l'image de son district. Comme le district 1 vendait du matériel précieux au capitole, leur tribut étaient por la plupart, un pâle copie des gens du capitole. Et Mary-Alice avait donc une tenue extravagante, brillant de mille feu et couverte de joyaux précieux, tout comme son homologue masculin. D'ailleurs, alors qu'elle montait sur un char, elle prit la main de son collègue, histoire de ne pas se vautrer lorsque le char partirait. Puis le cheval commenca à partir. Sans même jeter un regard aux autres tributs, la gamine fit son plus beau sourire, saluant de la main la foule qui allait l'appréciier rapidement. De toute manière, ils avaient intérêt de le faire si elle ne voulait pas mourir dans l'arène...

Le premier char s’ébranle avant de s’élancer à travers le Grand Cirque. Les exclamations croissent en intensité. Elles étaient déjà importantes à l’ouverture des portes mais là, c’est carrément assourdissant ! Je ne m’entends même plus penser. Les tributs du district Un semblent dans leur élément. Ils saluent la foule avec tellement d’assurance que ça en est limite décourageant. Tant de luxe, tant de couleurs… En fait, ça ne m’étonne pas vraiment. Ne sont-ils pas les chouchous du Capitole ? Même s’ils ont perdu de leur prestige après leur légère implication durant les Jours Sombres, ils n’en restent pas moins des favoris. Le garçon, un grand gaillard d’environ 17 ans, paraît être taillé pour le combat. Encore un qui s’est entraîné alors que c’est interdit. La fille, quant à elle, doit avoir mon âge. Elle pourrait être considérée comme inoffensive. Pourtant, quelque chose, dans son regard, ne me donne pas envie de l’approcher. Elle serait capable de me poignarder dans mon sommeil. C’est clair que ça ne me donne pas envie de faire une partie de cache-cache avec elle ! C’est bien du genre à te laisser dans ta cachette pendant des jours. Bref. Tiens, les districts Deux et Trois sont déjà partis. Bientôt, ce sera notre tour. J’ai vraiment peur de m’évanouir une fois soumis aux cris d’excitation d’un public en furie. Et s’ils ne m’aiment pas ? Et s’ils se moquent de moi ? Je vois partir les tributs du Quatre. Encore une petite fille et un grand jeune homme ? Waouh, le copier/coller du Un. Le mec fait peur, un truc de malade. Armé de son trident, on voit très bien qu’il a envie d’en découdre rapidement. J’espère vraiment qu’il n’y aura pas ce genre d’armes dans l’arène, sinon il risque de tous nous avoir un par un.

Ça y est, c’est notre tour ! Je crois défaillir. Nos chevaux s’élancent. Je manque de trébucher, mais je me retiens à la rambarde. Oula. J’ai l’impression que mes tympans vont exploser. Autour de nous, des gens. Et des cris. Surtout des cris. Ils remuent dans tous les sens, clamant des prénoms à tout vent. Aux écrans géants, je me vois brièvement mais l’on n’insiste pas trop sur mon District. On préfère largement mettre en avant les carrières. Normal. Je me rapproche d’Elina, lui prenant la main et serrant sans doute un peu trop fort. Plus par peur qu’autre chose, d’ailleurs. Un craquement me fait déserrer mon emprise. La traversée est longue. Plus longue que je ne l’aurais cru en fait. Ma tête pivote dans toutes les directions. C’est impressionnant quand même, tout ce monde. Et ils sont là pour nous ? Enfin, plutôt pour voir les animaux qu’ils font jeter dans l’arène. Je doute qu’ils nous considèrent comme des êtres humains. La notion même doit leur échapper. Ou bien, ils connaissent le terme, mais ils sont incapables de le relier à une réalité. Lorsqu’on me fait signe, je leur réponds par un sourire. Timide, certes, mais sourire malgré tout. Je crois que je suis un peu sous le choc. C’est la première fois que je suis aux devants de la scène, ça fout un peu les chocottes. Bon, faudrait que je me décoince un minimum. Mon cœur bat à tout rompt mais il est grand temps de montrer ce que je vaux, histoire de ne pas trop partir avec un handicap. Si je suis là, c’est aussi pour avoir des sponsors. Aux portes de la mort, c’est toujours utile de recevoir un petit coup de pouce, peu importe de qui il provient. Je rassemble mon courage puis je lève la main et la balance de gauche à droite. Au début, ça rend tellement faux que j’hésite à arrêter sur le champ. Mais, peu à peu, je commence à être à l’aise et à oublier l’enjeu de tout ce cinéma. Après tout, si les autres sont capables de se vendre avec autant d’hypocrisie, pourquoi ne le pourrais-je pas ?

Finalement, au bout de plusieurs minutes, nos chars s’immobilisent face à la tribune du Président. Il s’avance d’un air serein et nous fait un petit discours. Je ne l’écoute pas vraiment, soucieux de voir à quoi ressemblent mes futurs concurrents. Certes, je pourrai toujours les voir lors des entraînements demain matin, mais autant avoir une petite vue d’ensemble, non ? Dans le train, j’ai eu le temps de visionner la moisson de la plupart d’entre eux mais ce n’est pas comme ça que je les connaîtrais mieux. Maman, ils n’ont pas l’air sympathiques. La fille du Six est étrange. Elle se donne un air arrogant mais ça ne rend pas vraiment. En fait, c’est un peu trop surjoué à mon goût. Un peu plus loin, le mec du Neuf (si mes souvenirs sont bons) me décoche un sourire. J’adore son chapeau, vraiment. J’ai envie d’éclater de rire mais il ne faut pas. Ce serait le meilleur moyen pour me le mettre à dos et ce, même s’il n’a pas vraiment les traits d’un tueur. J’oublie rapidement cette idée. Aucun de nous (outre peut-être quelques carrières) n’a le profil d’un tueur mais, pourtant, il nous faudrait en revêtir le masque. Un masque froid et ardent de mort. Le discours du président s’achève. Il parlait ? Faudra que je demande un rapide résumé à Elina, en admettant qu’elle ait compris quelque chose. Quoi que, si c’est comme l’année dernière, il ne devait s’agir que de banalités. Ah ah. Nos chars redémarrent. Je crois le regard d’un autre garçon. Je baisse les yeux. Il me fait peur. Non, rectification. Ils me font tous peur.