Ces jeux … Ces entrainements… Devoir être le meilleur… Faire ces preuves… Tout ça est tout bonnement éreintant. C’est un rythme pas particulièrement difficile à prendre, j’ai connu pire, mais disons que physiquement, c’est fatiguant. Tout ça pour quoi ? Pour au final mourir ? Ca donne envie de se déchirer… Et puis… J’ai pas l’habitude de faire autant de sport moi ! Je fais du sport mental, pas physique. Autant dire qu’après à peine une journée d’entrainement, je suis fourbue de courbatures. C’est affreux. J’ai pris un bon bain pour tenter de détendre mes muscles et, même si après ça ca va mieux, chaque pas est douloureux, chaque geste aussi. Dans ma tête, tout me criait d’aller me coucher pour me reposer, mais je ne peux écouter ces voix. Je risque très fortement de mourir, alors à quoi bon dormir ? Il fait nuit, autant profiter des étoiles et de l’air frais de la nuit. Quand je serais 6 pieds sous terre, il me sera impossible de les voir. Pourtant, ô combien j’aime la nuit ! C’est la période de la journée où je travaille le mieux. Pendant que tout le monde est au ralenti, pendant que tout le monde dort et que l’activité terrestre est ralentie, c’est là où mes neurones s’activent et atteignent le summum de leur activité. En fait, concrètement, je n’ai pas besoin de beaucoup dormir. Au district comme je dois à la fois assurer mon emploi à l’industrie pour pouvoir aider ma famille à survivre, et ma scolarisation, j’ai pris l’habitude de ne pas beaucoup dormir. Certains d’ailleurs disent que je ne suis pas humaine parce que je ne me repose pas beaucoup, d’autres pour plaisanter viennent carrément dire que je suis un vampire, une créature de la nuit. Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre, bien que cela me fasse gentiment sourire. Je ne suis pas susceptible vous savez, je laisse les gens dire ce qui leur plaît et je continue mon chemin.

Donc, pour en revenir à nos moutons, plutôt que de filer directement au lit, je me poste devant la fenêtre pour contempler le ciel. Je ne suis qu’à l’étage huit, et je réalise que si je le souhaite je peux monter plus haut. A dire vrai, cela manque un peu de réalisme. Je veux dire, on se sent bien enfermé. Bien que les vitres soient impeccablement lavées, au lieu de sentir l’air frais et revigorant, je sens un petit courant d’air chaud. C’est que le Capitol aurait peur que nous nous enrhumions dis donc ! Ne sachant pas la température extérieure, mais étant d’un naturel prévoyant, je vais dans ma chambre chercher un petit gilet. A peine ouvris-je la penderie, que le nombre incalculable d’habits me sauta aux yeux. Des habits au textile doux, râpeux, soyeux, de toutes les couleurs, beaux, moches. Bref, pour tous les goûts. Quand j’ai été chercher mon pyjama, je me suis pourtant contentée d’ouvrir un tiroir, je ne pensais pas que TOUTES les armoires de cette grande pièce regorgeaient de fringues. Ils sont fous ces Capitoliens. Je cherche parmi la penderie parfaitement organisée la section ‘gilet’ que je finis finalement pas trouver. Mes yeux sont tout de suite attirée par un cache cœur mauve en laine. Etrangement, il me rappelle un de ceux que j’ai fais. C’est rigolo. Je le sors et le détaille d’un peu plus près. C’est effectivement le même modèle, mais rien ne me certifie qu’il est passé entre mes mains.

Je me hâte de l’enfiler, puis file tout doucement en direction de l’ascenseur. Je ne sais pas si ce que je compte faire est vraiment autoriser. Il ne s’agirait pas que je me fasse prendre quand même ! Mais ça va, la discrétion ça me connait donc bon. L’ascenseur ne met pas longtemps à arriver et ma mémoire ne m’a pas fait défaut. J’avais bien remarqué le petit bouton ‘toit’ juste au dessus du numéro 12. J’appuie donc tout naturellement dessus, et les portes s’ouvrent sans encombre à destination.

Lorsque les portes s’ouvrent, une douce brise vient me caresser les joues et soulever mes cheveux. Enfin de l’air, ça fait du bien. J’ai l’impression de respirer de nouveau. J’avance un peu, découvrant le toit. Le nez en l’air je laisse mes pas me guider sans faire vraiment attention où je vais. Je pense être seule sur le toit, mais je me trompe. D’autres personnes ont eu l’idée d’aller prendre l’air.

Je ne m’en rends compte que quand j’entends des voix un peu sur ma gauche. J’ouvre alors précipitamment les yeux pour voir qui c’est. Et je ne cacherais pas que j’ai été particulièrement surprise quand j’ai reconnu les deux carrières. Malgré l’obscurité, leurs visage est parfaitement discernable et je distingue sans mal le garçon du 1 et celui du 4. Si mes souvenirs sont bons, ils s’appellent respectivement Nathan et Loki. Je les avais déjà vu au centre d’entrainement aujourd’hui, et il ne faut pas le nier, ils sont plutôt mignons. Mais … voilà quoi. Je n’irais pas vers eux. Disons que j’ai du mal à m’approcher des garçons, ils me mettent mal à l’aise. Pendant un instant l’idée de faire marche arrière m’effleure l’esprit, mais s’ils me voient, ils vont vraiment croire que je suis timbrée. Alors je préfère continuer d’avancer dans la direction que je voulais à la base. J’aurais bien aimer ne pas écouter leur conversation mais n’étant pas sourde, la tâche n’est pas des plus aisées, et forcément leurs mots atteignent mes oreilles.

« …sympas à embrasser, j'aimerais bien, un jour. Ses cheveux c'est comme des cascades brunes magnifiques et ses yeux, juste wow. Toi tu l'a trouve comment ? Parce que, je sais que tu l'aime bien, vu que tu a accepté le défi. Mais c'est quoi que tu trouve de beau chez elle ?»
«Elle me trouble une peu. Je ne sais pas comment l'expliquer en faite»
«C'est tout ? Tu ne sais pas ? Bon, j'imagine que j'ai une longueur d'avance»
Des rires. J’aurais bien aimé me boucher les oreilles, cette conversation ne me regarde pas. Je ne veux même pas savoir de quoi ils parlent, ni de qui ils parlent. J’essaye de passer inaperçu et de continuer mon petit bout de chemin, mais je me prends les pieds dans un tuyau, et manque de me casser la figure par terre. Mais j’arrive par miracle à rester debout sur mes deux pieds. Je tourne la tête pour voir s’ils m’ont entendu ou pas, et je m’aperçois qu’ils ont tout deux le regard rivé sur moi. Immédiatement, je sens le rouge me monter aux joues. Je murmure un petit « bonsoir » avant de baisser les yeux et de continuer d’avancer. Je ne veux pas rester là, je dois m’éloigner au plus vite.

Mon cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique, j’ai beau ne pas comprendre pourquoi, je ne préfère même pas essayer de savoir. Je dois m’en aller, c’est tout ce que je sais. Je n’ai jamais été très à l’aise en compagnie d’un garçon, mais en compagnie de deux… Je ne vous dis même pas !

«Heu.. mais pourquoi tu en resterais pas un peu avec nous ?» Je me fige dans mon élan. Qu… Quoi ? Il veut vraiment que je reste avec eux ? Il dit ça pour me charrier n’est ce pas ? Un garçon ne peut pas s’intéresser à une fille comme moi, alors deux… ce n’est tout bonnement pas envisageable. Alors pourquoi voudraient-ils de ma compagnie ? Je me retourne tout doucement en pivotant des pieds et me retrouve face à deux paires d’yeux qui me fixent intensément. Mon dieu … Et je fais quoi moi maintenant ? Je fonds ? Je rougis ? Je pars en courant ? Je ne suis pas de ces filles qui draguent facilement les garçons, ou que même les garçons draguent facilement. Je suis plutôt du genre indifférente. Mais là comment résister quand on se trouve presque face à deux dieux qui vous détaillent dans les moindres détails ?
«et qu'elle est ton nom, jolie jeune dame ?» Je le regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. Jolie jeune dame… ca sonne bizarrement je trouve. Le brun, celui qui vient de parler, m’offre un sourire étincelant même dans la nuit. Je ne sais pas s’il faut que je me sente charmée par ce sourire ou bien effrayée. Je crois que je suis un peu des deux, et du coup je ne sais plus ce qu’il convient de faire. Partir en courant ? Rester un peu avec eux en fin de compte ? Histoire d’avoir un dernier contact humain avant de mourir ? Je sais paaaas … Tout est tellement compliqué dans ma tête… Mon cerveau qui est habituellement si clair et qui comprend tout, devant de simples garçons perd toute concordance. C’est très déroutant.
«Je suis désolé, je n'ai pas compris, tu peux répéter ?» Hein de quoi ? Mais je n’ai encore rien dit ? Il se moque de moi ou… il vit sur une autre planète ? Je reste immobile à le fixer en me demandant ce qu’il convient de faire… Pourquoi est ce qu’il faut que je me complique toujours la vie hein ?

« Excuse le il n'a pas toute sa tête devant les jolies filles. » Je reviens sur terre illico presto, et tourne la tête vers l’autre garçon –le châtain aux beaux yeux bleus- qui s’approche vers moi. Il vient vraiment de dire « jolie » en parlant de moi ? On a peine deux minutes on m’a qualifié de jolie. C’est le monde a l’envers au Capitole en fait ! Il me fit aussi un joli sourire puis tend doucement sa main vers moi. « Loki Strange, District quatre. » Je le regarde un instant, puis fait ce que j’ai toujours vu mes parents faire. Je tends à mon tour ma main pour serrer celle du jeune homme. Ce n’est que quand ma peau entre en contact avec la sienne que je remarque à quel point mes doigts sont froids. « Olympe Peyrolles, District huit. Enchantée. » Je dis doucement en lâchant un petit sourire timide. Je respire un bon coup. J’ai dit une phrase sans bégayer, wouhou ! Exploit ! Mais maintenant je fais quoi ? Je dis quoi ? J’en ai pas la moindre idée. Alors je me tais et je baisse les yeux tout en souriant bêtement. Moi et ma timidité maladive, je crains.