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Ca doit faire quoi … 15 minutes a tout casser que je suis dans cette foutue fournaise, et je ne demande qu’une seule chose c’est que ca s’arrête. Allongée dans le sable, les yeux fermés, je sens le soleil lécher la moindre parcelle de mon corps, et brûler ma peau à découvert. Alors quoi, ils veulent qu’on flambe sur place ? C’est déjà pas assez pénible de se retrouver avec d’autres adolescents, il faut en plus que l’on crame ? Deux coups de canons ont déjà retenti… Deux morts… C’est insupportable. Et pas la moindre parcelle d’ombre à l’horizon, du sable à perte de vue. Bon le point positif c’est que je suis toute seule… et en vie. Enfin plus pour longtemps si je reste comme ça sans bouger. Je vais finir par être cuite à point, prête à être dégustée par les animaux du désert (tiens d’ailleurs, c’est quoi ces bestioles ici ?) et totalement déshydratée. Si je veux encore essayer de survivre, il vaut mieux que je me bouge.

Avec une volonté de fer je me remets en position assise et cligne plusieurs fois des yeux pour faire la netteté. Le soleil m’éblouit mais je m’y fais vite. Je me rappelle alors que j’ai réussi à prendre un sac lors de ma fuite, et je compte bien voir ce que j’ai avec moi. J’en sors une petite toile imperméable d’environ 1m², un couteau avec une petite lame, une casquette blanche à pois rouges (rien de tel pour passer inaperçu), une boite de gâteau sec et enfin, HALLELLUJAH ! une gourde d’eau !!! Je m’empresse d’en boire une goutte. Pas beaucoup, il faut que j’en garde car je ne sais pas si c’est possible de se rationner ici. Juste une petite goutte, le nécessaire pour ne pas mourir dans la minute. A la place de mettre cette casquette ultra voyante, je préfère enrouler mon keffieh autour de ma tête pour éviter d’attraper une insolation, puis je me mets debout pour voir ce qui m’entoure. Bon… je suis actuellement dans le creux de deux dunes, c’est pour cela que je fais grimpette jusqu’au sommet de la plus proche pour avoir une vue d’ensemble. Et ce que je vois m’inquiète je ne le cacherais pas. Derrière moi… du sable. Devant moi et sur les côtés… un grand fossé qui s’étire à perte de vue. Une grosse faille qui mène tout droit… aux portes de l’enfer j’en suis sure. Cela n’augure rien de bon et me rappelle les histoires que ma mère nous lisait à mes sœurs et moi lorsque nous étions gamine pour nous faire peur et nous faire croire au bon dieu et à satan. Et je vous assure que cette faille m’inquiète trop. A choisir entre les enfers et les adolescents meurtriers, je crois que je préfère les adolescents meurtriers. Tout plutôt que bruler pour l’éternité. J’ai déjà un petit aperçu là, mais j’aimerais pas que ça dure…

Ni une ni deux, sans un regard en arrière je rebrousse chemin. Le nord, mauvais choix. Peut être que les gens seront partis de la corne. De toute façon là dans l’actuel je n’ai pas d’autres alternatives. Mais il faut que je passe inaperçu le plus longtemps possible. Si on ne se rappelle pas de moi, j’ai des chances de survivre.